Il y a 20 ans, j’étais étudiante en première année de géographie. Lors d’une sortie sur le terrain le professeur – par ailleurs un monsieur assez pragmatique – nous montrait d’un mouvement de bras un paysage qui se distinguait peu des alentours: « Ici, vous voyez surgir la pénéplaine subcambrienne telle qu’elle a été formée il y a 600 Ma ». Il en avait presque les larmes aux yeux. L’excitation qui suivit cette énonciation n’était pas palpable. Pour nous, ce n’était qu’une dalle rocheuse au bord d’un lac. Pour lui, ce paysage avait du sens.

Par la suite, j’ai toujours aimé chercher à comprendre comment un paysage a pu prendre la forme qu’il a. La géomorphologie en terme scientifique. Il peut paraître rebutant. Disons plutôt lecture de paysage.

À force d’en apprendre un peu sur les types de roches et l’érosion des glaciers, sur les plissements des chaînes de montagnes et leur disparition très lente qui laissera la place à une autre – à l’échelle d’un temps où l’homme n’est qu’un grain de sable – les paysages que je parcours à pied ont pris du sens. Peut-être que ce n’est pas toujours le bon, car je suis loin d’être une experte en la matière, mais cet exercice d’investigation m’amuse.

Pour vous prêter au jeu, commencez par une visite à la Maison de la Géologie puis par quelques sorties sur le terrain– le mont Chenaillet et la Meije.

Maison de la Géologie

Cet espace découverte vous donne les bases pour interpréter les paysages du Briançonnais. A travers maquettes et écrans interactifs, l’histoire de la formation de l’océan alpin, de la chaine des Alpes et du Mont Chenaillet vous est présentée ainsi que d’autres phénomènes comme l’érosion et l’activité sismique. La visite guidée est passionnante car il est mené par des passionnés !

Quand deux plaques s’éloignent, une tranchée étroite, un rift, se forme. Elle est continuellement comblée par les magmas qui sortent de l’intérieur de la terre, comme une sorte de volcan à rallonge sur le fond de l’océan. La chaine de montagnes sous-marine ainsi créée s’appelle dorsale océanique. Ainsi, l’océan s’agrandit et, à l’inverse, quand les plaques se rapprochent l’océan se ferme petit à petit. L’océan alpin s’est refermé avec le rapprochement des plaques Africaine et Eurasienne. Les Alpes ont été formées par la collision de ces deux plaques au début de l’ère tertiaire. La force de la collision a entrainé un plissement de la croûte continentale, l’expulsion de sédiments déposés au fond de la mer ainsi que le détachement et le charriage de nappes entières de roches.

Dans le cas du Chenaillet, un fragment entier de la dorsale océanique a été charrié jusqu’à son emplacement actuel. Il est resté intact, car la couverture sédimentaire qui s’était déposée au fond de l’océan alpin, l’a protégé de l’érosion des glaciers pendant le quaternaire. Depuis, cette couverture sédimentaire a été complètement dégagée pour mettre à nu les laves. Sur la partie haute du Chenaillet, les roches volcaniques se présentent en forme de boudins, dite basalte en coussins. Il y a aussi du gabbro, une roche volcanique formée plus en profondeur.

La randonnée vers le Chenaillet part de la Chau dans la vallée des Fonts de Cervières. Il y a des panneaux explicatifs le long du parcours. C’est une randonnée de difficulté moyenne avec quelques passages équipés de câbles. Il faut prévoir la journée.  En route, vous croiserez plusieurs lacs.

Prenez le temps d’en profiter !

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©Hôtel d’Izoard

Du sommet de l’océan au sommet du mont Chenaillet

Le Mont Chenaillet est constitué de laves provenant du fond de l’océan alpin qui couvrait toute la zone des Alpes actuelles pendant l’ère secondaire (245 à 66 Ma). L’océan s’est ouvert au fur et à mesure que la plaque Africaine et la plaque Eurasienne se sont éloignées.

Quand deux plaques s’éloignent, une tranchée étroite, un rift, se forme. Elle est continuellement comblée par les magmas qui sortent de l’intérieur de la terre, comme une sorte de volcan à rallonge sur le fond de l’océan. La chaine de montagnes sous-marine ainsi créée s’appelle dorsale océanique. Ainsi, l’océan s’agrandit et, à l’inverse, quand les plaques se rapprochent l’océan se ferme petit à petit. L’océan alpin s’est refermé avec le rapprochement des plaques Africaine et Eurasienne. Les Alpes ont été formées par la collision de ces deux plaques au début de l’ère tertiaire. La force de la collision a entrainé un plissement de la croûte continentale, l’expulsion de sédiments déposés au fond de la mer ainsi que le détachement et le charriage de nappes entières de roches.

Dans le cas du Chenaillet, un fragment entier de la dorsale océanique a été charrié jusqu’à son emplacement actuel. Il est resté intact, car la couverture sédimentaire qui s’était déposée au fond de l’océan alpin, l’a protégé de l’érosion des glaciers pendant le quaternaire. Depuis, cette couverture sédimentaire a été complètement dégagée pour mettre à nu les laves. Sur la partie haute du Chenaillet, les roches volcaniques se présentent en forme de boudins, dite basalte en coussins. Il y a aussi du gabbro, une roche volcanique formée plus en profondeur.

La randonnée vers le Chenaillet part de la Chau dans la vallée des Fonts de Cervières. Il y a des panneaux explicatifs le long du parcours. C’est une randonnée de difficulté moyenne avec quelques passages équipés de câbles. Il faut prévoir la journée.  En route, vous croiserez plusieurs lacs.

Prenez le temps d’en profiter !

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©Michel Ducroux

La Meije – un fragment de l’ère primaire

La Meije est une autre curiosité géologique qui a été créée lors du plissement alpin. La formation de la chaîne alpine a commencé il y a seulement 60 millions d’années, bien peu de temps dans la vie des roches. Pourtant, dans le massif de la Meije, on trouve des roches bien plus anciennes. Le grand pic qui domine La Grave est un fragment des mêmes roches qui constituaient la chaîne hercynienne, une chaîne de montagnes qui couvrait une grande partie de la France actuelle il y a 320 millions d’années. Mais les paysages sont éphémères eux aussi, bien qu’on ait l’impression qu’ils perdurent. A peine 100 millions d’années plus tard, toutes ces montagnes avaient déjà été aplaties par l’érosion. La zone des Alpes d’aujourd’hui est alors envahie par la mer, et avec l’éloignement des plaques africaine et européenne l’océan alpin se développe de plus en plus.

Au fond, des débris de roches, des vases et d’autres restes organiques se transforment lentement en roches sédimentaires dont cette marne friable d’un noir brillant qui forme aujourd’hui la base de la Meije. Comment est-il possible que des roches vieilles de 320 millions d’années se trouvent au-dessus des roches formées environ 200 millions d’années plus tard ?

Vers 150 millions d’années avant notre ère, les plaques européennes et africaine commencent à se rapprocher et l’océan alpin se referme petit à petit. Il y a environ 60 millions d’années la collision de ces deux plaques marque le début du plissement alpin qui se poursuit encore aujourd’hui. Le soulèvement des plus hautes montagnes des Alpes, dont le massif des Ecrins a lieu il y a 20 à 15 millions d’années. Le raccourcissement est alors tellement intense que dans certains endroits des grosses nappes rocheuses se détachent et sont poussées sur plusieurs kilomètres avant d’être déposées. Le sommet de la Meije, et celui du Combeynot, sont sur une telle nappe de charriage. Ces morceaux du vieux socle ont été posés sur les roches friables datant de l’époque de l’océan alpin, et ainsi ces roches dures et résistantes protègent les jeunes roches tendres se trouvant en dessous. Le paysage que l’on voit aujourd’hui est toujours en cours de construction. L’érosion par la glace, l’eau et l’alternance du gel et du dégel en est l’acteur principal, son efficacité étant déterminée par la résistance de la roche.

Le chevauchement de la Meije s’observe par exemple de la chapelle de Ventelon ou de la gare intermédiaire du téléphérique de La Grave.

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©OTHV
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