PETITE FERME DES REGAINS – LA FERME PÉDAGOGIQUE DES TRADITIONS ALPINES
Découvrez la petite ferme des Regains à Villard-Saint-Pancrace, à 5 minutes de Briançon : la petite ferme des Regains
Julie m’accueille bottes aux pieds et joues rosies d’une matinée de travail à la fraîcheur de l’automne. Les soins du matin sont terminés, elle va me présenter tous les habitants de sa Petite Ferme des Regains où elle fait découvrir les traditions alpines d’ici et d’ailleurs ainsi qu’une charmante troupe d’animaux de races rustiques de montagne, dont plusieurs qui sont en voie de disparition.
Ethnologue et médiatrice animale de formation et guide culturelle de métier, Julie tient une ferme pédagogique à Villard-Saint-Pancrace, dans les champs face aux Tenailles du Montbrison et aux villages des Puys. Le cadre campagnard est calme et bucolique, un lieu parfait pour une visite hors du temps.
Histoire(s) des Alpes
Avec les habits et les accessoires des fermes d’antan, Julie fait une mise en scène pour recréer l’ambiance du tournant du siècle dernier. La fermière vient d’une époque où l’agriculture des Alpes n’était pas encore mécanisée. Dans les champs comme à la ferme, les travaux étaient faits à la force des bras et des bêtes. Les outils étaient manuels. Chaque été, on montait en alpage et chaque automne on redescendait. L’histoire que Julie nous raconte commence à son retour à la ferme, après une saison dans le hameau d’alpage du Mélézin. Elle a perdu son âne et doit remonter le chercher. Le bruit des sabots accompagne ses mots.
L’histoire qu’elle raconte mélange les traditions de tout l’arc alpin. Avant de s’installer à Villard-Saint-Pancrace, Julie a travaillé 15 ans dans une association de valorisation du patrimoine en Haute Savoie. Son travail la menait au-delà des frontières nationales vers l’Italie du Nord et la Suisse. Dans tous ces territoires de montagne, les traditions se ressemblent et c’est ce patrimoine commun qui la fascine.
Les races traditionnelles des Alpes
Elle connait les préférences et les habitudes de chacun de ses protégés et elle fait tout pour qu’ils soient heureux chez elle.
Pour sa ferme, Julie cherchait des animaux qui se plaisent en plein air toute l’année, avec de simples cabanes pour s’abriter des intempéries. Elle souhaitait des races ayant un vrai lien avec le travail des paysans des Alpes d’antan. En montagne, on retrouvait souvent les mêmes races d’animaux d’une région à l’autre car partout les paysans cherchaient des animaux rustiques, résistants au froid et bons marcheurs. Ces races anciennes sont peu prisées dans l’agriculture intensive, puisque rusticité ne rime pas toujours avec rendement. Par conséquent, plusieurs se retrouvent aujourd’hui dans les rangs des races à faible effectif ou en voie de disparition. Quelques individus ont trouvé refuge à la Petite Ferme des Regains. Uniquement des mâles castrés, car Julie préfère laisser les femelles aux agriculteurs pour qu’elles se reproduisent et qu’elles fassent perdurer la race. Les mâles ont souvent une brève existence avant d’être envoyés à l’abattoir et Julie est contente de leur offrir une longue retraite tranquille dans sa petite ferme.
La tribu de la ferme pédagogique
Ils sont deux par enclos, chacun a un congénère pour lui tenir compagnie et un espace de vie adapté à ses besoins. Julie prend le temps de se familiariser avec les particularités de tout son petit monde, là-dessus elle est une source intarissable d’informations.
La basse-cour
Hamlette et Mouillette sont des poules communes car Julie n’a pas trouvé de race alpine et celles-ci s’en sortent très bien dans le climat des Alpes. Pareil pour les autres. Janis et Joplin sont des canes de Barbarie, communs en Amérique Centrale et dans le Nord, qui supportent bien le froid grâce à une bonne couche de graisse. Les lapins, Alanis et Morisette, sont Fauve de Bourgogne et Bleue de Vienne.
Le matin, Julie était partie pour fermer ce nouveau terrier qui sortait de l’enclos. Ce n’est que quand elle a vu un petit mort-né que la mère avait évacué, qu’elle a compris que le terrier était occupé. Les petits, une femelle et un mâle de races croisées, s’appellent Onyx et Winter. Ce sont des lapins qui sont élevés pour la viande et même après des années chez Julie, ils sont très méfiants envers l’homme et ne pointent que le bout de leur petit nez. Pour les caresses il faudra donc partir chez les moutons.
Les moutons
Romuald, le Mérinos d’Arles est un gars d’ici. Il est né à la Bergerie La Coursaline à Villar d’Arène. Sa laine est la plus prisée pour les vêtements parce qu’elle est particulièrement douce. Une fois nettoyée et cardée, elle ne gratte pas du tout.
Les boucs
Le noir, Otis, est un Bouc des Savoie qui était le géniteur en poste dans une ferme de la Maurienne. Mais, au bout de quelques années, les fermiers doivent changer de mâle reproducteur pour éviter la consanguinité et Otis était destiné à finir ses jours sous peu. Les fermiers tenaient pourtant à leur premier bouc et quand ils ont su que Julie en cherchait un pour une ferme pédagogique, ils n’ont pas tardé à lui proposer de le récupérer. Le vieil Otis est gentil et posé et exerce une bonne influence sur le jeune Fifi, plus foufou.
Fifi ou Philéas, est un Angora de Turquie croisé avec Paon de Suisse, une race dont il ne reste que très peu d’individus. Grâce à ses ancêtres, Fifi a un beau manteau de longs poils tout doux qui donne bien envie de le caresser un peu. Les deux races ne comptent que peu de représentants car dans les fermes d’aujourd’hui, on trouve plus souvent des Alpines et des Saanens qui produisent plus de lait.
Les cochons
Autrefois, le plus commun dans les Alpes était le cochon laineux mais cette race rustique n’existe plus et Julie a donc opté pour des Mangalitzas, encore répandus dans la partie est de l’arc Alpin et cousins des laineux français.
Comme tous les locataires de Julie, les frères cochons ont une cabane pour s’abriter. Leur instinct est de se construire un abri ombragé donc ils y emmènent des branches et d’autres matériaux de construction pour aménager l’habitation. Contrairement aux idées reçues, les cochons détestent habiter un lieu sale et ce sont les seuls à s’occuper eux-mêmes du ménage. Les toilettes sont au fond du jardin et le moindre petit accident de nuit est vite dégagé. Si les cochons se roulent dans la boue, ce n’est pas parce qu’ils aiment se salir mais parce qu’ils ne peuvent pas évacuer la chaleur par la transpiration et ont besoin de se rafraîchir.
Les visiteurs ont une tâche à accomplir dans chaque enclos, chez les cochons il faut emmener du foin pour qu’ils se fassent une litière bien propre, à leur goût. Au passage, le grand frère aime bien qu’on le gratte un peu. Selon Julie, les adultes se laissent avant tout charmer par les cochons qui sont des êtres intelligents, sensibles, sociables et joueurs.
Les vieux
À 23 ans, il est plutôt pépère et aime bien qu’on s’occupe de lui. Il est le préféré des enfants qui ne se lassent pas de le brosser et de lui donner à manger. Ce n’est pas un alpin pure souche mais un vieil ami de Julie qui l’accompagne dans sa nouvelle l’aventure.
C’est un Poitou croisé avec Provence, la plus vieille race de France, celui qu’on préférait pour engendrer les mules, qui ont la force du cheval et le caractère de l’âne. Plus que les autres animaux, l’âne a besoin de comprendre l’utilité de ce qu’on lui demande et le défi est donc de ne pas le contraindre mais de le faire collaborer. Ce besoin lui a valu la réputation d’un têtu !
Les visites de la ferme pédagogique
Retour vers le passé : la fermière d’autrefois vous accompagne pour rencontrer, caresser et nourrir les animaux de la Petite Ferme des Regains. Pour petits et grands ! Les adultes sont souvent un peu réservés au départ mais se prennent vite au jeu. Julie sait adapter les visites à son public, donnant des informations plus ou moins poussées. Pendant toutes les vacances scolaires, le matin et l’après-midi en été, en hiver uniquement l’après-midi.
Petits Paysans : un stage un peu plus long, pour les enfants à partir de 8 ans (sans adultes) que Julie propose uniquement pendant les vacances de l’été. Missions, jeux, conte, atelier de fabrication attendent les enfants, qui vont nourrir et s’occuper des bêtes comme dans les alpages autrefois.
Fermiers d’un soir : une visite en petits groupes des coulisses de la ferme. On part avec Julie, non costumé cette fois, faire les travaux du soir, comme les soins et la préparation des repas, qui se terminent parfois à la frontale, au tomber de la nuit.
Lâcher les rênes : une séance pour les adultes qui ont besoin d’un moment de déconnexion ou qui aiment tout simplement le contact avec les animaux.
Depuis peu, Julie diversifie son offre pour proposer aussi des visites ambulantes pour les événements et les collectivités et grandes structures, déclinées en deux formules différentes.
Les veillées de la Petite Ferme – animation participative avec un duo d’animaux de la même espèce, sur la découverte d’une thématique liée à l’agriculture de montagne et des races traditionnelles
L’Expo’mobile Petite Ferme – animation avec 6 à 8 animaux, 15 panneaux de découverte, 4 à 5 jeux sensoriels, 1 table d’objets traditionnels, 1 stand d’informations
Pendant les visites, on passe voir chaque animal de près et caresse ceux qui l’apprécient. On parle de leurs habitudes et des idées reçues. Ceux qui sont intéressés par les techniques et pratiques agricoles d’aujourd’hui ou qui aimerait une démonstration de la transformation de la laine, poursuivrons la découverte à la Ferme de Pralong à Puy-Saint-Pierre et à la Maison des Bêtes à Laine à Cervières.